C’était il y a quatre mois, et je vis toujours avec mon entorse. La cohabitation se passe au mieux, nous nous sommes apprivoisées, nous avons appris à nous connaître, à tirer parti l’une de l’autre. Je ne peux toujours pas recourir, mais j’ai appris à mieux écouter ce que mon corps exprime. L’envie de revenir dans le game est, elle, intacte.
J’ai fait une petite tentative de running la semaine passée en accord avec moi-même et mon médecin, trois fois quatre minutes sur un chemin plat et doux. Verdict : bonnes retrouvailles avec les sensations, tempérées par mes ligaments qui m’ont fait comprendre que mollo, hein. Je les ai écoutés. Alors je marche. Beaucoup. Rapidement. Avec ou sans bâtons. Si possible sur des surfaces planes, sans surprise. Un peu ennuyeuses certes, mais sûres. Soixante-dix kilomètres par semaine, j’ai repris mon petit rythme de croisière.
Je fais du vélo aussi. Tous les jours, une demi-heure, en intérieur. C’est dans l’axe (du pied), et c’est tellement pratique pour rattraper les podcasts en retard. Et puis il y a la piscine. Moins pratique, mais havre de paix pour mes pieds qui peuvent (presque) tout se permettre dans l’eau. Y compris courir. Tout ceci est de bon augure pour une reprise normale au printemps. Je suis en quelque sorte en état d’hibernation. Je me suis beaucoup fait confiance pendant ces quatre mois, ainsi qu’aux professionnels de santé, mais j’ai aussi pioché des conseils à droite à gauche (et surtout dans l’axe). Alors à mon tour, je partage deux ou trois bricoles qui, en plus bien sûr de la rééducation, m’ont aidée — et m’aident encore — à passer ce cap un peu douloureux (et surtout très long).
- Ne pas aller plus vite que le tempo : j’ai voulu me tester en marchant sur les galets, très prudemment. Ma kiné m’avait dit : « Le jours où vous remarcherez sur des galets, tout ira bien ». Tout allait bien, zéro douleur, sauf un micro faux mouvement qui m’a rappelé que j’avais une cheville, et à quel point il est toujours préférable de partir à point.
- Justement, j’ai, dans cette optique, annulé mon inscription aux 10 km du Mont Blanc, fin juin, qui me semblent trop prématurés pour ma cheville, et qui, également, tombent mal dans mon emploi du temps qui a été chamboulé par ma convalescence. Prochain trail : Val Cenis, début août. Piano, sano… En revanche, je maintiens une marche de 35 kilomètres fin avril, qui me servira de test.
- L’eau froide est mon amie. Elle l’a toujours été, mais nos liens se sont resserrés en même temps que le froid a resserré mes tendons et mes ligaments, tous les jours, après la douche.
- J’ai enfin trouvé une utilité aux balles de tennis vestiges du temps où je cherchais mon coup droit : quand je suis assise à mon bureau, je les fais rouler sous ma voûte plantaire pour mieux me détendre et activer ma circulation sanguine.
- J’ai appris à considérer mes pieds. C’est la grande leçon de cette parenthèse : les pieds, c’est la vie. Sans eux, point d’avancement. Je me suis donc penchée avec beaucoup d’attention sur leur soin.
- Je les bichonne à coup d’automassages, toujours en remontant vers le coeur, et de petit gommage avec le marc de café du matin (à effectuer avant de passer le gel douche, qui atténuera l’odeur de café). Mais pour activer la circulation et gommer la peau, mon BFF reste le gant de crin, après la douche froide.
- J’ai découvert également ici qu’on pouvait les « tanner » avec un citron.
- J’ai investi dans des chaussons de récupération Salomon, et je m’en frotte les mains et surtout les pieds. Moi qui n’ai pas le « pied Salomon » – trop large –, je me délasse tous les soirs avec mes RX Slide 3.0 (ce nom…), qui ne sont que bien-être et relaxation.
- Justement, pour fêter le retour de mes pieds sur terre, j’ai investi dans une nouvelle paire de baskets. Mes vieilles paires de Columbia Montrail, qui conviennent très bien à mes pieds et à mes attentes de néotraileuse à la cool, ont désormais pour voisine des New Balance 1080. En attendant la reprise des entraînements, il me fallait des baskets à l’aise sur route et chemins, avec un chaussant ultra confortable et un maintien parfait, pour refaire des premiers pas en toute sécurité. C’est avec elles que je marche quotidiennement, et c’est avec elles que j’ai fait un premier come-back de coureuse, et elles ont été à la hauteur de la tâche que je leur avais assignée : m’aider à me propulser.