C’était il y a trois mois « tout pile ». Après une séance de rando-course des plus agréables, temps parfait, bonnes sensations, beaux paysages, alors que j’allais m’arrêter après plus d’une heure de pleins et déliés entre mer et forêt, que je me sentais bien, ma cheville a lâché. Bêtement. Sans prévenir. Sans un bruit. Mais avec un effet visuel très réussi : elle a triplé de volume en un quart de seconde. Le temps pour moi de fermer les yeux, de m’asseoir, et de me dire que ma vie de bipède allait être mise entre parenthèse quelques jours. La parenthèse a commencé par six semaines de plâtre, et n’est toujours pas terminée : j’ai encore du mal à descendre des marches, je boîtille imperceptiblement mais je boîtille, et bien sûr, je ne cours pas. Mais depuis un mois et demi, depuis mon déplâtrage, les progrès sont relativement rapides vu l’état de ma cheville : je refais du vélo (d’intérieur), j’ai ressorti les bâtons de marche, et depuis aujourd’hui, j’ai retrouvé le chemin de la piscine. Depuis trois mois, je n’ai qu’un objectif en tête : retrouver ma mobilité. Alors pour fêter ce trimestre étonnant, mélange de canapé, de réflexions tous azimuts, de béquilles, de retour à la vie, je suis retournée sur les lieux du crime. J’ai effectué mon pèlerinage à l’envers, et en fait de pèlerinage, c’en fut bien un : j’avais oublié ce détail, mais je me suis laminé les tendons et les ligaments très précisément à l’entrée du Chemin du Paradis, qui mène vers une toute petite église perdue dans les bois. Je sors peu à peu du purgatoire, pour entrer dans mon petit paradis : je sais ce qu’il en coûte de faire un pas devant l’autre, je sais la chance de tenir debout, petite miracle d’équilibre, et je sais le bonheur de pouvoir l’écrire.