Quarante cinq jours sans voir la mer, c’est long. Très long. Surtout quand on ne voit le ciel que de son canapé. Ce matin, première sortie au grand air, en station debout, en mode béquille, à 2 km/h. Le vent de la liberté souffle de nouveau. Je suis davantage propulsée par mon envie d’avancer, de retrouver mon autonomie, ma vie, que par ma cheville, encore tellement douloureuse et si peu cheville. Le chemin sera long, mais il est tout tracé. La force et la volonté d’en découdre viendront à bout de la blessure.
Cette entorse a au moins le mérite de tout remettre à plat, à commencer par les bases : la marche. Comment marche-t-on ? Comment mettre un pied devant l’autre ? Comment avancer ? À chaque mouvement, je suis obligée de penser tout le mécanisme qui doit être actionné pour ne pas tomber en avant : le pied dans l’axe, bien dérouler le talon, trouver le bon appui, redresser le torse. Tout est lent, laborieux, fragile. Mais ça marche ! La tête au service des jambes et non plus l’inverse. Aujourd’hui, je ne pense plus en marchant, comme c’était le cas avant. Aujourd’hui, je pense la marche. Je remets les compteurs à zéro.