Ce qui me meut m’émeut : sensations en pente douce

Peur, frissons, mais aussi et surtout bien-être et sérénité sont au bout du sentier.

Tout coureur, qu’il soit aguerri ou dilettante comme moi, s’est un jour posé cette question : mais pourquoi cours-je ? Après quoi ? Evidemment, la question m’a d’autant plus traversé l’esprit que je n’aurais jamais pensé me la poser un jour. Mon manque d’appétence – c’est un euphémisme – pour la course à pied en particulier, et le sport en général, m’avaient épargné ce genre d’interrogation. Ironie du sort, c’est en marchant que la réponse m’a sauté aux yeux : je cours pour les sensations, je cours surtout après les sensations.

Bon sang mais c’est bien sûr ! J’aurais pu dire que je cours pour aller plus vite, ce qui n’est pas seulement un truisme. Ou pour grappiller des années de vie, ce qui est vrai. Mais par-dessus tout, ce qui m’a donné ce goût de reviens-y à enfiler des baskets pour courir et aller à l’encontre de ma nature (et accessoirement à la rencontre de la nature aussi), ce sont ces bonnes, grosses, fortes sensations éprouvées pendant et après chaque run, qu’il s’agisse d’un entraînement, d’une compète du dimanche ou d’un trail avec dénivelé. J’aime ressentir cette sensation unique de délassement après une course, ces sensations si intenses pendant l’effort, contre lesquelles il faut parfois lutter ; cette sensation particulièrement forte quand je réussis à franchir une ligne d’arrivée ; et cette sensation de bien-être après une séance d’entraînement.

En marchant aussi, j’éprouve des sensations. En marchant aussi, je peux ressentir ce lâcher d’endorphines. Mais ce n’est pas mon moteur. Je marche pour un tas de raisons, mais d’abord parce que la marche m’émeut. Je ressens un paquet d’émotions quand je randonne. Et je fais bien la différence avec les sensations de la course. Ces sensations sont produites par mon moteur interne – et elles l’alimentent également en retour selon un mécanisme bien huilé –, grâce au déclenchement des endorphines ou de la dopamine ; elles sont alchimiques, au croisement du mental et du physique – ok, on peut dire physiologiques aussi, mais alchimiques correspond bien davantage à mon ressenti… –.      

La marche longue distance, la randonnée, amplifient les émotions. Elles sont un réservoir à joie, apaisement, sérénité, surprise, délectation, ravissement, peur parfois, et tant d’autres nuances encore. Toutes ces émotions ne sont pas seulement le fruit d’un produit intérieur brut, mais doivent beaucoup au monde qui m’entoure. C’est parce que je traverse un paysage magnifique, étrange, sauvage, ou chargé de souvenirs, que j’éprouve de la joie, de la sérénité ou de la nostalgie. Elles sont intrinsèquement liées à l’environnement, à la perception que j’en ai.

Être capable d’éprouver des émotions en plein air, des sensations en pente douce, loin de toutes les notifications de mon téléphone ou de mon ordinateur, c’est aussi ce qui m’a permis de reprendre pied sur terre, et de m’éloigner des octets.

Et vous ? Qu’est-ce qui vous (é)meut ?